Mes hommages...

Marc Donatien comte de Boisnoir, attendait patiemment le retour de James Karmer, vice-amiral de la Bleue. Pour tuer l'ennui qui le guettait sournoisement il avait commencé à promener son imposant nez dans les étagères poussiéreuses de l'amiral. Il avait parcouru les rayonnages sans grande surprise, il y avait trouvé les classiques de la littérature de Marine britannique. Le Guide du Matelotage de Norrie (étrange que ce nom soit devenu le surnom du commodore Norrington), le Traité de Construction de Thomas Slade,... mais aussi de la littérature plus poussé: relations de batailles, le Tour du Monde de l'amiral Anson et celui de Byron, mémoires d'officiers, du Shakespeare aussi et même du Corneille. Cette bibliothèque était peut être moins fournie que celle du Royal Louis elle n'en était pas moins bien fournie. Selon Boisnoir, on pouvait juger un homme aux livres qu'il lisait. Boisnoir s'ennuyait tout de même un peu à attendre ce Karmer, il s'assit donc dans le fauteuil de son homologue anglais et tira de la bibliothèque An Extraordinary Relation of the Battle of Lagos, August 19, 1759 par l'amiral Sir Edward Boscawen. Boisnoir ricana en se disant que comme d'habitude, les Anglais devaient exagérer leur victoire mais un grincement de la porte le tira prématurément de sa lecture fraîchement entamée.

En grande tenue, James Karmer se tenait dans l'entrebaillement de la porte. Sa veste bleue aux parements blancs bordés d'or étincelaient avec énergie. Son costume n'avait rien à envier à la tenue de Boisnoir, veste bleu doublée de rouge aux brandebourgs d'or. Boisnoir regarda les épaules de Karmer dépourvues d'épaulettes et jeta un oeil fier aux siennes sur lesquelles étaient épinglés les trois étoiles d'or de lieutenant général. La Royal Navy n'avait pas encore adopté les épaulettes à l'inverse de l'armée de terre et de la Compagnie des Indes. Boisnoir se trouvait plus élégant que Karmer même s'il trouvait sa tenue un peu trop pimpante avec toutes les médailles qui se trouvaient accrocher à sa poitrine. Il regarda Karmer droit dans les yeux, il y a quelques temps ils étaient encore ennemis et avaient eu l'occasion de combattre l'un contre l'autre. Mais à chaque rencontre il n'y avait pas eu de vainqueur. Il était irritant pour Boisnoir de se dire que leur prochaine confrontation se ferait en tant qu'alliés alors qu'il vouait à Karmer une haine effroyable mêlée d'une certaine estime mais moins forte que celle qu'il vouait à Norrington. Par chance, leur grade correspondait, ni l'un ni l'autre ne devrait obéir aux ordres de l'autre. Mais là Boisnoir se trouvait dans un port anglais, il était donc sous l'autorité de Karmer.

Boisnoir se leva et ne prit même pas la peine de se mettre au garde à vous.

-Ah Kramer! Comment allez vous? Dire que la ponctualité n'est pas votre fort serait un euphémisme!

La journée était déjà bien entamée. Les habitants, soldats, officiers et autres s’affairaient à leurs activités respectives. Le soleil était le seul maitre du ciel. Au port, les marins chargeaient ou déchargeaient leur cargaisons de leur navire et essayaient d’en tirer bon prix. De moins en moins de navires marchands arrivaient à Port royal, pour cause, les taxes d’amarrage étaient de plus en plus élevé, Beckett voulait en tirer des profits importants, bien trop important. Mais il y a aussi que les routes maritimes ne sont point sur en ces temps sombres. La menace pirate grandissait, et pourtant, personne ne faisait rien. Le fort Charles surplombait la ville de Port royal, ses nombreux canons faisaient réfléchir à deux fois aux pirates avant qu’il se décide d’attaquer la ville. Sur le chemin de ronde, l’amiral Karmer faisait ses tours de contrôle du fort hebdomadaire. Une tache qui ne lui plaisait guère mais qui était obligatoire et très importante. Alors qu’il vérifiait avec le commodore Krieg le dernier niveau du fort, un lieutenant arriva au pas de course. Il se mit au garde à vous.

- Amiral, une personne de haut rang vous demande, elle vous attend dans votre bureau.

Une personne de haut rang ? Mais qui cela pouvait bien être. James n’attendait personne de « haut rang » ces temps ci. Il regarda Krieg d’un air interrogateur.

- Qui est cette personne ?

- Un officier de la marine Française, Amiral.

Un officier de la marine française ?! Les français, Karmer en avait plus que marre d’en voir partout. Il prit la longue vue du commodore et regarda vers le port.

- Marc de Boisnoir …. Il ne manquait plus que lui …

Il replia la longue vue et partit en direction de son bureau le plus rapidement possible. De Boisnoir ! Ce chien de français qu’il avait tant haï de toutes ses forces dans le passé, celui qui était l’appui de Beckett quand il était un simple commodore. Que faisait-il ici encore ? Karmer pensa à une chose, contrairement aux dernières rencontres, le français avait l’avantage du grade, ce qui n’est plus le cas à présent. Il ouvrit la porte de son bureau et vit le « french » assit à son propre bureau juste avant que ce dernier ne sorte le magnifique surnom que Karmer avait hérité dans le passé « Kramer »

- Votre humour m’a beaucoup manqué Amiral. Et je vois que votre amour propre n’a point changé, toujours aussi fière de vous et de votre image.

Il enleva de Boisnoir de son chemin et se plaça derrière son bureau.

- Je vais être franc avec vous, Amiral, je ne pensais pas et je ne souhaitais pas vous revoir un jour ainsi que votre magnifique royal Louis. Je me serais bien passé de vous. Je ne sais point pourquoi, mais en ce moment, port royal se trouve infesté de Français. Une tueuse, une personne de la famille royale recherchée par votre pays et par-dessus tout cela, un amiral. Quelle chance que j’ai ces temps ci !

Il posa la longue vue sur son bureau et s’assit. Il n’invita même pas De Boisnoir à s’assoir.

- Puis-je prendre connaissance de votre présence en territoire anglais ?

Boisnoir fit mine de ne pas prêter attention aux sarcasmes de Karmer. Ainsi les Français étaient venus en nombre en Jamaïque ces temps ci. Cela n'avait au fond rien de vraiment surprenant, aprés tout la paix ne permettait elle pas à n'importe qu'elle navire de commercer avec n'importe quelle nation. La seule menace qui subsistait était celle des pirates qui en temps de paix plus encore qu'en temps de guerre n'hésitait jamais à se lancer à l'assaut des navires marchands des Caraïbes. Cependant il semblait qu'il y ait bien trop d'agitation du côté français. Boisnoir avait reçu des dépêches lui signalant l'existence de ce pseudo-membre de la famille royale et de celle qu'on avait envoyé pour le liquider. Il lui était enjoint de donner à cette dernière la protection requise sans demander le reste. Avec l'agitation qu'elle pouvait causer ici bas, il était normal que Karmer soit excédé.

Cependant Boisnoir n'était pas homme à plaindre un anglais et encore moins un amiral de cette nation. Aprés tout c'était son problème pas le sien, Boisnoir sortit de sa poche un cigarillo et l'alluma aprés avoir vigoureusement frotté une allumette sur le bureau de Karmer. Puis il en savoura pleinement la subtilité et laissant échapper d'épaisses volutes de fumée. Il ne manquait qu'une chose un petit vin pour l'accompagner.

-N'auriez vous pas à boire? Un petit vin de porto, un cognac ou à la rigueur du madère... Je ne serais pas hostile à un verre pour accompagner ce cigarillo. Peut-être en désirez vous un?

Boisnoir s'assit alors dans un des fauteuils de la pièce et croisa les jambes laissant ses muscles se détendre peu à peu. Puis aprés avoir aspiré une nouvelle bouffée et l'avoir recraché dans un rideau de fumée blanche:

-Je vois que votre faiblesse est bien la même Kamerr. Vos renseignements sont bien faibles. nos deux nations ont fait plus qu'une simple paix, nous sommes désormais alliés et il en sera ainsi jusqu'à ce que la piraterie soit éradiquée. Aprés... seul Dieu le sait. Nous sommes ainsi tous deux placés sous les ordres de Lord Beckett représentant de l'Honorable Compagnie des Indes Orientales. A nous de mettre à profit la force colossale qui nous est confiée...

Boisnoir marqua une pause. Feuilleta un instant le livre de Boscawen, ricana au détour d'une phrase puis de nouveau tourna la page et souffla d'un air de lassitude comme ennuyé par l'emphase de l'auteur.

-Belle victoire que celle de Lagos... bien que nous nous battions à un contre trois. Peu importe... le passé est le passé! En tant que nouveaux alliés nous ferions bien de travailler en bonne intelligence n'est ce pas amiral?

- Non merci, et je peux vous proposez du cognac, mais c'est tout ... Si vous en voulez, servez vous, juste devant vous.

Il aurait du s'en douter que la presence de Boisnoir ici devait etre liéer au retour de Lord Cutler Beckett. Ces deux personnages étaient la hontes des marines, quelque soit leur pays pour Karmer. Il se leva et s'approcha de la fenetre au fond de son bureau pour observé comme par habitude la ville et le port de Port royal, une ville qui lui est cher.

- Si vous etes ici, c'est pour m'informer que nous allons travailler ensemble, alors pourquoi aurais-je du en etre informé avant ?

Il se dirigea vers des etageres et en sortit des vieux papiers poussiereux qu'il s'empressa de poser sur la table au centre du grand bureau. Il aperçut que des livres avaient changés de place.

- Vous etes toujours aussi interessé par la litterature militaire et anglaise je vois.

Pendant que l'amiral continuait son exposé, Il sortit du tas de paperasse un parchemin en particulier, avec le seau royale de la cour d'angleterre. Il le tendit à de Boisnoir.

- Voici le papier qui prouve que le lord n'a aucun pouvoir direct sur moi-meme et la marine royal, signé par le roi d'angleterre. Vous serez donc le seul à servir sous les ordres de Beckett, representant de "l'honorable" compagnie des indes orientales. Moi je suis de la marine royale. En se qui concerne de la "force colossale" qui nous est confiée, je pense que cela va etre possible de la mettre à profit si on s'y investie. Travailler en bonne entente et en bonne intelligence ?! Cela ne depend que de vous et de Lord Beckett ...

Boisnoir se dirigea vers une armoire qui semblait contenir une cave à vins miniature et une fois de plus son instinct ne l'avait pas trompé. Il sortit un verre à cognac et se servit un peu de la liqueur ambrée avant d'en boire une gorgée laissant la chaleur pénétrer dans son corps et l'alcool lui brûler la langue. Il poussa un soupir de satisfaction et se laissa de nouveau choir dans l'élégant fauteuil. Ce Karmer avait bon goût au niveau du mobilier, c'était indéniable.

-Assez bon votre cognac, mon cher Kramer. Certes j'ai à bord de mon vaisseau un cognac encore plus savoureux mais pour un anglais ce n'est pas mauvais...

Sous couvert de ces amabilités, Boisnoir trouvait ce Karmer bien insolent, il décida alors de sortir dés à présent sa carte maîtresse. Il avait en effet plus d'un tour dans son sac. Boisnoir sortit d'une de ses poches plusieurs envelloppes qui avaient été décachetées. Les cachets étaient divers: la Compagnie Française des Indes, le Ministère de la Marine, l'Amiral de France mais plus surprenant l'Amirauté Britannique et l'Ambassade de France à Londres.

-Cette lettre de votre Amirauté m'enjoint de vous informer qu'étant placé sur un pied d'égalité nous devons tous deux établir des stratégies globales qui seront approuvées ou non par Lord Beckett. Mais nous conserverons chacun une grande liberté de manoeuvre.

Boisnoir sourit avec une certaine satisfaction. Il fallait dire qu'il n'aimait pas dépendre de la bonne volonté ou non de ses alliés. Par exemple, lors de la dernière guerre, il avait du compter avec l'incompétence et la mauvaise volonté des Espagnols ce qui n'avaient pas manqué de l'agacer au plus haut point.

-Je n'ai pour ma part aucun problème à savoir que nous allons collaborer et j'espère qu'elle sera fructueuse. Je voulais vous proposer de partir dans trois jours avec le commodore... pardon le contre-amiral Norrington afin de patrouiller aux alentours et d'intercepter quelques navires suspects. Qu'en dites vous?

Karmer prit délicatement avec le bout des doigts le papier que lui tendait de Boisnoir comme dan un air de dégout. Ce papier prouvait que sa hiérarchie le "lâcher" dans sa mission première de surveiller Beckett. Alors comme cela il se retrouvait en étroite collaboration avec celui qui aura fait le malheur de sa vie quand il était encore dans la EITC ! il ne pouvait le croire. Il ne voulait pas. Il posa sur le bureau le papier et le regarda passivement.

- Si la cour le demande, je le ferais. Mais qu'une chose soit clair, que chacun de nous reste dans les limites de ses fonctions. Je ne veux point vous voir en train de donner des ordres à mes soldats, ceux de la royal Navy sans mon autorisation, comme prendre un de mes navires sans m'en parler. Si cela est respecter, cela fonctionnera dans l'autre sens aussi.

La porte du bureau grinça légèrement à son ouverture. Dans l'entrebâille, se tenait le commodore Krieg qui, comme par son habitude désagréable, regardait de Boisnoir d'un regard noir, très noir. Karmer lui fit signe de s'avancer. Le commodore Krieg contourna le plus possible le français juste avant d'être à la hauteur de Karmer.

- Amiral Marc de Boisnoir, je vous présente le commodore Krieg, une personne assez difficile de caractère, n'essayez même pas de lui dire quoi que ce soit, il n'obéit qu'à moi seul. J'ai pu remarqué que vous connaissiez l'amiral Norrington, en quel honneur et circonstance l'avez vous rencontrer ?

Cela l'avait beaucoup étonné qu'il connaissait James Norrington. Comment l'avait-il connu ? Mais il pensait qu'il fallait faire venir Norrington pour tirer cela au clair.

- Commodore, veuillez aller chercher le plus rapidement possible l'amiral Norrington qui ce trouve dans son bureau, je pense, je vous pris.

Pendant que Krieg disparaissait dans le couloir du fort, Karmer prit connaissance de la proposition du "comte" de Boisnoir. partir en mer ? cela tentait beaucoup l'amiral, Il remarqua que cela faisait longtemps qu'il n'était pas aller s'évader à l'horizon avec l'aigle impérial. Mais beaucoup trop de chose le retenait ici à Port royal. La recherche de tueurs pirates, l'arrivée de sa majesté très prochainement ne lui laissaient point le temps de remplir le rôle de base de son travail et de son titre, marin.

- Votre proposition est très tentant. mais je ne pourrais venir, beaucoup de chose se passe ici et je dois les réglets. Comme une tueuse "française" qui se promène dans Port Royal. Et aussi comme l'arrivée de sa ....... Bref, je pense que l'amiral James Norrington, mon second viendra volontiers avec vous, a part si il vous adore autant que moi.

Il ne préféra rien dire sur l'arrivée de sa majesté royale à Port Royal dans un avenir très proche. Il regarda par la fenêtre le navire qui représentait le travail de toute sa vie, un navire qui, pour lui, avait largement mérité pour ses dernières actions pour la couronne, un navire qui chérissait tant : " L'Aigle Impérial".

- Je ne suis pas sur que la dernière fois que nous nous sommes rencontré, vous ailliez eu la chance de voir la nouvelle fierté de la Royal Navy ...

Boisnoir regarda l'ignoble Krieg s'en aller chercher le contre amiral Norrington. De son côté Boisnoir estimait qu'une première collaboration avec les Anglais et surtout sans Karmer dans ses pattes serait une bonne occasion de tester les qualités nautiques des bâtiments anglais et de faire montre de la puissance de l'escadre française. Karmer était assez sarcastique, c'était sans doute un bon officier mais un bien piètre diplomate. La preuve il n'avait même pas été encore annobli contrairement à Norrington qui était chevalier de l'Ordre du Bain et que l'on devait appeler "Sir James". Cependant Karmer jugea bon de se lever pour s'approcher des fenêtres Boisnoir le suivit son verre à la main.

-Vous parlez sans doute de votre tout dernier trois-ponts de premier rang. L'Imperial Eagle? 100 canons et neuf cent cinquante hommes d'équipage. J'ai eu l'occasion de le voir en entrant dans la baie de Kingston. C'est en effet un bien beau vaisseau... bien que mon propre navire possède une trentaine de canons supplémentaires, prés de quatre cents hommes en plus et qu'il soit plus long... Je dois avouer que vos ingénieurs ont fait un beau travail!

Boisnoir désigna du doigt le Royal Louis qui tronaît impérieusement, ancré à quelques encablures des vaisseaux anglais. Il fallait bien reconnaître que les vaisseaux français avaient une qualité reconnue de tous, rapides, puissants, fin manoeuvriers, ils avaient de solides murailles. Reconnus par tous comme les meilleurs constructeurs de vaisseaux de guerre, les Français avaient pourtant été souvent battus en haute mer à cause de chefs vieux et séniles ou d'équipage peu amarinés. Mais cela avait changé et Boisnoir comptait bien le montrer à ses nouveaux "alliés".

-Qui est le capitaine de pavillon de votre bâtiment Kmarrer, est-ce commodore Kireg? Ce que vos noms peuvent être barbares vous autres protestants!

Puis Boisnoir désigna de la main les vaisseaux français et espagnols à l'ancre.

-Je n'ai autorité que sur les escadres espagnoles et hollandaises et sachez que je ne m'illusionne pas sur les capacités de ces hidalgos! C'est pour cela que nous ferions bien de collaborer sans réticence. Nous poursuivons le même but, je vous laisserai libre de commander vos navires, cependant ayant une plus grande ancienneté que vous, il me semble que le commandement global de la flotte combinée me revienne...

Voyant l'incrédulité croissante de Karmer, Boisnoir poursuivit d'un ton pompeux:

-Votre Amirauté a du faire alliance avec ses plus vieux ennemis... Pour une simple raison, elle ne pouvait seule mettre un terme à la piraterie du monde. Elle m'a volontairement donné autorité car sans moi l'Armada ne sera qu'une simple flotte. Si je pars, les Espagnols et les Hollandais partent avec moi, c'est à dire plus de la moitié de l'Armada. Que vous restera-t'il? La douzaine de vaisseaux portugais en plus de vos propres navires... Impressionant mais insuffisant. La plus grande partie de votre flotte est retenue ici. Il en va de même pour la plupart des Nations Européennes. Mais si nous nous retirons... Ne chercherons-nous pas à envahir votre pays sur le chemin du retour? Sans votre flotte pour s'interposer ce sera chose aisée. Notre armée compte plus de 130 000 hommes sur le continent, la vôtre à peine 45 000... Si votre insoumission me contraint à quitter l'alliance... Vous condamner votre pays! Si quand je romps l'alliance vous décidez de rentrer en Angleterre pour la protéger, personne n'attaquera mais votre campagne n'aura été qu'un gouffre financier et vous deviendrez un bouc émissaire parfait! C'est à cela qu'a pensé votre Amirauté en me donnant la primauté...

Boisnoir contourna Karmer fier de sa tirade en lui tapotant l'épaule avec une certaine condécendance.

-Vous prenez enfin la mesure de vos responsabilités. Que vous le vouliez ou non... C'est moi qui ai l'avantage...

Karmer commençait à sentir la colere monter cont de Boisnoir et l'amirauté. Ils savaient tres bien le passé de Karmer et ce qui s'etaient passé lors des dernieres rencontres avec de Boisnoir. Et ils ont osés le mettre à son service ! Jamais James n'accepterait. L'Amiral Français avait raison sur beaucoup de chose, mais Karmer n'avait jamais demandé l'aide d'autre pays pour supprimer les pirates, il n'avait meme pas eu le temps de commencer la traque. Il alla à l'opposé du bureau, le plus loin possible du français. Il n'avait rien contre la france directement, mais contre de boisnoir oui. Il etait maintenant piegé, le roi ne l'appuit et ne l'aide presque plus, sa hierarchie la laisse seul, l'amirauté lui met des français dans les pattes. Comment allait-il s'en sortir ? Seul le roi lui meme pourrait y faire quelque chose, mais il ne pourra prendre contacte avec lui dans les jours a venir. James savoua coincé, il a été utilisé comme pantin, si le projet echoue, il s'est tres bien que tout va lui retomber dessus, L'amirauté a voulu que cela soit karmer qui soit posté à port royal car ils savaient tous que les français allaient debarquer, et que si il y a un probleme, cela donnerait une bonne cause pour declarer la guerre à la france. Par la suite ils etoufferaient l'affaire en discreditant Karmer. Son titre etait maintenant en jeu, son passé vient de le ratraper. Ses superieurs s'avaient tres bien qu'il l'avait bloqué. Avec ses antecedant avec de Boisnoir, Karmer etait condamné. Il regarda du regard noir de Boisnoir, l'homme qui a detruit une partie de lui meme et qui continut son travail. Avec cela, il sait tres bien qu'il tient a present tous les faits et gestes de Karmer.

- Tres bien, je vois que vous avez tres bien reussi votre coup. Vous me tenez maintenant. Mais une chose est sur, si vous voulez, prenez le commandement de la flotte de la royal navy, si c'est ce que vous souhaitez amiral. Mais, sachez que certain navires resteront sous mon propre commandement, L'Aigle imperial et l'intrepide ne vous spnt point favorable, que je ne vous prenne pas à vouloir les commander.

Boisnoir se gaussa d'un air moqueur -comme il était dans son habitude avant de rétorquer une réplique cinglante. Il leva les yeux vers Karmer qui semblait le fuir comme un pestiféré. Puis il sourit d'un air infiniment mesquin, mais d'une mesquinerie qui aurait fait pâlir la plupart des courtisans de Versailles.

-Kramer, vos connaissances navales semblent aussi lacunaires que vos talents de stratège... Enfin mettons cela sur le compte de votre jeune âge mon brave... Je ne m'arroge pas le droit de commander vos navires... Je décrète simplement qu'ils devront suivre mes directives... Le commandement personnel vous revient sous réserves bien sûr.

Boisnoir prononça les premières paroles avec un mépris qu'il ne tenta même pas de dissimuler malgré la mission diplomatique pour laquelle il avait été désigné. Karmer n'était pas un mauvais bougre, c'était juste un simple officier à l'esprit trop étriqué pour comprendre que l'argent et la politique plus que les canons étaient le nerf de la guerre. Heureusement pour son pays, à Londres, les Lords de l'Amirauté avaient compris ceci. Aussi Boisnoir décida de s'abstenir de lancer une autre remarque blessante à l'adresse de Karmer, une suffisait...

-Quand à votre invitation à sortir de ce bureau, sachez que je n'en ferai rien. Du moins pas avant que l'amiral Norrington nous ai rejoint, sachez que je souhaite... non: J'intime cette sortie en mer! Elle serait bénéfique pour notre alliance et ne manquerait pas de prendre des navires pirates... En tant qu'amiral commandant de l'escadre anglaise vous toucheriez un huitième de leur valeur. Et cela donnerait du baume aux coeurs de vos hommes!

Boisnoir s'approcha de la fenêtre et fixa avec insistance les deux puissants trois-ponts qu'étaient l'Eagle et le Dauntless. Ils avaient fiers allures certes, le tout serait de savoir si en mer ils tiendraient aussi bien leur réputation que sur les rapports d'espionnage. Mais à vrai dire, Boisnoir était de plus en plus tenté par l'idée de rendre imminente cette sortie. Le vent était favorable, il fallait saisir cette chance!

-Toujours est il que je suis dans l'obligation de vous presser à agir... Par pure politesse je vous laisse le soin de donner vous même vos ordres à vos subordonnés... Si vous n'êtes pas assez rapide je me verrai dans l'obligation de mettre un terme à cette politesse purement complaisante!

Au moment où Marc de Boisnoir termina sa phrase, un petit bruit se fît entendre contre la porte. Le contre-amiral qui était passé devant le commodore Krieg voulait se donner la peine d'annoncer son arrivée. Mais Krieg ne semblait pas de cet avis! Pour preuve, il ne perdit pas de temps et ouvrit à toute allure la porte du bureau. Le contre-amiral resta sans voix devant ce spectacle. Restant le main suspendu juste devant lui, encore sous l'effet "de surprise" du commodore, il se mit à avancer lentement dans la piéce.
Quelqu'un était assit dans un des nombreux fauteuils de la piéce. Son regard fût d'abord curieux de savoir qui était cette soit disante personne qui....voulait partir en mer avec lui?Oui....Krieg lui avait briévement expliquer le pourquoi du comment. Bien que James n'avait pas trop bien compris certaines choses, il se disait qu'il mettrait tout ça au clair une fois sur place. Mais une fois devant la chose....Il se trouvait presque paralysé!
Puis, lentement, son air naturel reprit le dessus. Il afficha un petit sourire et dirigea son regard vers l'amiral et le salua du regard.

-Vous m'avez demandé Amiral? demanda t-il de sa voix calme.

Toujours en s'avançant, pour enfin arriver devant le bureau de son supérieur, James tourna brutalement les yeux vers la personne assise sur le mystérieux fauteuil. Sans savoir pourquoi, ses yeux s'ouvrirent grands d'étonnement....Encore un français? Non, ça n'était pas sa nationalité qui le troublait mais plutôt.... le fait de savoir ce qu'il lui voulait! Que pourrait bien vouloir faire cet homme français? Mais faisant mine d'être patient d'entendre la raison, il se contenta de faire ressurgir un sourire et de le saluer à son tour du regard.

L'ouverture de la porte annonça l'arrivée impromptue de Norrington, cette entrée semblait répondre à la requête des plus pressante que venez de faire Boisnoir. Norrington était un bel homme, son uniforme bleu de roi et chamois rutilait sous les dorures et les épaulettes indiquant le rang d'amiral de la compagnie des Indes. Les traits racés, les yeux verts et profonds, son air assuré et distant faisaient de James Norrington un parfait britannique! Ce dernier sourit avec satisfaction, quoi de plus naturel, il venait de prouver sans embage que ses désirs semblaient être des ordres. Boisnoir rendit distraitement son salut à Norrington puis se leva avec assurance et lui tendit une main amicale.

-Amiral Norrington je présume. Je suis enchanté, Sir James! Votre réputation vous précède, contrairement à certains, il se tourna un instant vers Karmer. Nous faisions justement le projet de faire prendre la mer à un détachement de l'Armada sous mon commandement avec vous pour me seconder. Qu'en dites-vous?

Voyant l'homme lui renvoyer son salut, James Norrington n'eut plus aucune méfiance. Maintenant il allait faire tout ce qui pouvait être necessaire. La main de son interlocuteur fût bientôt tendue devant lui, sans aucune hésitation le contre-amiral tendit à son tour la sienne et la serra dans l'autre main Puis un sourire refit apparition sur ses lévres alors que marc de Boisnoir l'appelait Sir James.

-Enchanté de.... se rendant compte que son interlocuteur n'avait pas précisé son identité, James toujours la main dans celle de Boisnoir soutint son regard....Le regard de James était émeraude.... Pourrais-je tout d'abord savoir à qui ai-je l'affaire? demanda t-il calmement et poliment toujours accompagné de cet air de sympathie.

A la question de Norrington, Boisnoir retira sa main avec froideur, qu'on ne puisse pas le connaître, lui était insupportable, surtout dans les Caraïbes où il avait mené plus d'une campagne. Il connaissait bien cette région et à l'instar de Norrington il y avait acquis une grande réputation lors de la dernière guerre. Mais il devait passer outre son orgueil mal placé et se constituer un allié de ce Norrington. Il sourit avec aisance comme s'il était normal de ne pas le connaître. Il posa son tricorne sur sa poitrine fit claquer ses talons et s'inclina légèrement.

-Amiral, comte Marc de Boisnoir. Lieutenant Général des Armées Navales du Roy (ceci avait été dit en français). Chevalier de l'Ordre du Saint Esprit et de l'Ordre de Saint-Lazare. Commandeur de l'Ordre Royal et Militaire de Saint Louis. Commandant en chef des Forces Française de la Flotte Combinée.

Marc de Boisnoir se sentit soulagé aprés avoir précisé tous ses titres et grades. Il fallait avouer que tous les officiers de Marine n'avait pas l'immense privilège d'être aussi des courtisans. Boisnoir conciliait les deux et ne se lassait pas d'entendre la liste exaustive de toutes ses distinctions. Il fixa Norrington avec toute la hauteur que requiert la position d'un comte français vis-à-vis d'un amiral anglais puisse t'il avoir été anobli par le roi.

-Désormais je dirigerais l'Armada avec l'amiral Kremer et Lord Beckett. nous allons donc servir sous la même bannière... jusqu'à nouvel ordre!

Karmer regarda Norrington entrait dans le grand bureau qui avait appartenu à tant de haut personnage de port royal. Il était sur que de Boisnoir allait encore se venter de ses titres ce qui en fut. Il ne voulait pas que Norrington se fasse contrôler par le français. Cela ne pourrait que lui poser des problèmes. James le savait. Apres que les présentations furent faite, Karmer prit la parole :

- Si vous continuez à vous amuser de modifier mon nom, je crains que cela va vite dégénérer. Contre-amiral, vous allez avoir le grand privilège de partir avec l’intrépide en mer avec le royal louis, un navire tres français que personne ne peut rater et dont, son cher capitaine, se croit invincible. En ce qui me concerne, je prendrais position sur l’aigle imperial, et après, seul ce cher français sait se que nous allons faire pour le moment.

Boisnoir toisa Karmer avec mépris et soupira devant la médiocrité de son petit sarcasme. Ce Karmer n'était pas un véritable marin, pas étonnant qu'il eut obtenu si tôt le grade qu'il occupait, ce devait être grâce à d'excellents appui à la Cour. Plusieurs erreurs étaient à noter dans son discours: premièrement Boisnoir n'était pas le capitaine du Royal Louis, c'était son navire amiral mais il ne le commandait pas personellement, cet honneur revenait au capitaine de pavillon. Ensuite, il ne croyait pas son vaisseau invincible, ce dernier l'était! Mais bon ce Karmer n'était visiblement pas du tout au fait des règles basiques de la Marine.

-Pardonnez-moi Karmrer, mais votre nom est tout simplement imprononçable! En revanche, je compte en effet faire voile avec une petite portion de nos forces. Nous ferons une croisière de Port Royal jusqu'à Cap Français en croisant devant Tortuga avant d'entreprendre le chemin de retour en passant par les Bahamas et Santiago de Cuba.

C'était une bonne patrouille qui les attendait. Dans ces eaux, ils croiseraient sans doute des pirates et ainsi auraient l'occasion de s'enrichir. Boisnoir jubilait en réfléchissant aux parts de prise qui l'attendait, là sous l'horizon.