Exploration [PV Norry]

Il faisait beau, on avait chaud, les femmes s’éventaient à tout va dans les rues pavés de la grande ville. La plupart restaient à l’ombre des toitures ou des rares palmiers, ne souhaitant pas exposer leur belle peau aux rayons abrupts du soleil. Certaines attendaient de se faire accompagner par leurs maris, d’autres étaient venues voir le magnifique navire du fameux « Frenchy » venant de débarquer au port voila à peine quelques heures. Les Français avaient depuis la nuit des temps fascinés par leur grâce, leur supériorité et leur puissance les autres nations qui, si elles entretenaient parfois avec elles des relations aussi tendue qu’un grelin, ne les considéraient pas moins comme un ennemi digne de ce nom. Les femmes discutaient assises sur des tonneaux ou debout, leur corset les obligeant à rester sur leurs deux jambes. Des marins triviaux exhibaient leurs muscles devant les demoiselles et tiraient leur chapeau lorsqu’ils croisaient une lady. Les commérages allaient bon train sur le port, s’engorgeant volontiers dans les ruelles jusqu’au confiant de la Jamaïque. Un navire comme celui-ci ne se laissait pas juste admirer, il faisait polémique. Navire de guerre français en territoire clairement britannique ? Un sacrilège ? Un espoir ? Ou une sérieuse raison de s’inquiéter ?
Chacun avait ses idées reçues et tandis que le mot se passait, l’équipage du Royal Louis avait posé pied à terre cherchant quelque chose à faire tandis que les officiers se rendaient directement dans le bureau du gouverneur afin d’expliquer leur venue.

Virgile Delépine n’avait pas suivit pour la première fois depuis des mois son amiral, préférant se rendre compte de l’état des lieux. Marc de Boisnoir lui ayant de toute manière stipulé qu’il n’avait pas besoin de lui, il avait accepté directement et sans geindre sa mise à l’écart provisoire. Il se dépêcha de remonter les rues en pente rude de la ville afin de l’apercevoir entièrement en plongée. Cependant, alors que tout le monde semblait l’éviter, une personne cogna fermement son épaule, la rejetant en arrière. Virgile se retourna, le regard furibond envoyant au malpoli sans l’avoir encore vu et sous un accent français prononcé:

« Vous pourriez faire attention ! »

Ce jour là, James était dans les rues entrain d'explorer un peu. Il avait retrouvé cet amour au peuple depuis qu'il était revenu de cette croisiére qui avait duré pas mal de temps. Le regard plutôt dirigé vers les navires qui accostaient aujourd'hui à Port-Royal, son regard fût attiré par un navire français. Un navire parmi tant d'autres mais pourtant, cela ne présageait rien de bon! James n'avait rien contre le Français néanmoins, il savait que cette venue n'allait pas être des plus pacifiques! Petit livret sous le bras, crayon dans les mains, le contre-amiral réfléchissait à beaucoup de choses. Notamment à ce fameux français qui devait "prendre" la place à l'Amiral Karmer. L'Amiral lui avait dit que James le connaissait mais....l'officier connait tellement de personnes! De plus, Karmer n'avait pas prit le temps de lui dire comment se nommait ce nouveau "prétendant". En tout cas une chose est sûre, il continuerait de veiller sur Port-Royal et de continuer la mission de son supérieur!
Sans vraiment le vouloir, étant trop plongé dans ses pensées, le contre-amiral bouscula assez fortement Virgile. Se rendant compte en entendant la voix forte de quelqu'un qui se trouvait maintenant derriére lui, James se retourna, se fût en entendant pour la deuxiéme dans sa tête les paroles, qu'il se rendit compte de ce qu'il avait fait.

-Ho pardonnez-moi....Je pensez au navire français et....
A ce moment là il ne sût plus quoi dire. Oui, cet homme qu'il venait de malencontreusement bousculer devait certainement faire partit de l'équipage du « Frenchy ». Comme l'avoir deviné? Tout simplement à cause du fort accent français de son interlocuteur!

-Pourrais-je savoir votre identité?

Les mouettes rieuses semblaient se moquer ostensiblement de la scène en survolant Port Royal à vive allure. Les gens s’empressaient de s’écarter des deux hommes, ne pouvant s’empêcher de jeter d’inquiets coups d’œil en arrière cherchant à connaitre la suite des événements. Deux hommes de cette importance attiraient inéluctablement l’attention de la plèbe, ce qui ne fit qu’irriter encore plus Virgile qui scruta avec attention l’homme qui venait de présenter ses excuses. Il portait un uniforme étranger de la Royale Française mais bien connue de la Navy Britannique. Double ligne galons d’or, veste d’un bleu roi prenant, tricorne aux rebords dorés… Il vérifia une dernière fois l’ensemble afin de bien être sur du poste qu’il occupait. Le côtoiement soutenue des forces de la reine, la « Queen » comme ils l’appelaient, lui avait permis de distinguer dès lors tout type d’uniforme en partant de l’aspirant jusqu’à l’amiral de Flotte. Celui-ci était visiblement un contre amiral, un grade à ne pas négliger et à ne pas froisser… Cinq grades au dessus de lui tout de même. Lorsqu’il lui présenta poliment ses excuses, Virgile fit un mouvement de tête, les acceptants. Il lui dit ensuite qu’il pensait au « navire français ». Il voulait sans doute parler du Royal Louis, cette merveille de manœuvrabilité et de prouesse technique. Virgile bomba un eu plus le torse devant l’homme au regard incertain qui se figea un instant semblant reprendre peu à peu ses esprits. Il se souvenait sans doute de son rang pour reprendre du poil de la bête ainsi et demander qu’il pouvait bien être. Une question fort peu conviviale, digne de l’austérité britannique, une pointe de sarcasme et le profil du parfait anglophone se serait alors révélé. Il ne laissa transparaitre qu’un rictus de surprise, déformant un coin de sa bouche. Il haussa les sourcils avant de prononcer ces mots :

« Je suis le lieutenant de pavillon du Royal Louis, sous les ordres de l’amiral de Boisnoir. Je suis donc, comme vous l’avez constaté aux vues de votre visage troublé, un représentant de notre belle nation française sur les cotes jamaïcaine… »

Puis il marqua une pause avant de reprendre, fixant toujours le contre amiral d’un air narquois :

« Mon nom est Virgile Théodore Delépine, au service de Sa Majesté »

Le dernier mot ayant été prononcé en gallois faisant de sa phrase une pseudo marque de fanatisme. Il fini par se lasser de toiser cet homme dans les yeux et reporta furtivement son attention sur les alentours où quelques passants s’étaient arrêtés. Un garçon des rues couvert de crasse, ouvrait de grands yeux ronds, accolé à un mur, enviant sans doute les deux hommes qui discutaient. Il eut une discrète mine de dégout puis reporta son attention sur l’officier en finissant par dire :

« Et vous monsieur ? Quelle est la personne dont j’ai eu l’honneur de m’être fait bousculer ? »

Le regard braqué sur cet "inconnu",James imaginait déjà le scénario!Serais-ce lui qui serait venu pour essayer de prendre le poste de Karmer sous le ordre de l'amiriauté? En tout cas, James n'appréciait point cette façon de se comporter envers lui! L'homme semblait bien arrogant mais aprés tout, chacun son style de vie et son tempérament! Lui était assez timide et ne savait pas vraiment ce qu'était la véritable colére,tandis que son interlocuteur semblait "détenir" tout le contraire! Son regard glissa sur l'uniforme de l'officier français. Un lieutenant? Voila qui pouvait être trés intéressant il fallait le mentionner.... laissant maintenant son regard remonter vers le visage de son interlocuteur, James avait un certain regard dédaigneux mais calme envers lui. Oui, à quoi bon s'ennerver? De toute façon, il en faudrait beaucoup pour perturber ou énnerver le contre-amiral...et le premier qui essayerais serais bien déçu de voir à quel point il était déstabilisant!
James lui avait demandé qui il était tout simplement parce que les officier Français ne sont que peu nombreux à Port-Royal,quoique ces derniers mois, on en voyait défiler pas mal! Mais tous finissaient par repartir à cause d'affaires soit disant importantes auprès du roi. Qui sait si ça ne se reproduira pas? James avait promit de rester fidéle à la couronne et à la marine, ce qu'il ferait volontié d'ailleurs!
L'homme eut un rictus à cause de sa question. Etait-il si marrant que ça? En tout cas, mieux valait pour lui de ne rien faire de travers, même si le contre-amiral était quelqu'un de trés posé et non-exigeant....la méfiance est plutôt à ne pas quitter de vue!

Entendant le "récit" du lieutenant,James aurait lui aussi pu laisser paraitre un petit "rictus" pour montrer qu'il ne se laissait pas marcher sur les pieds. Mais comme nous disons, mieux vaut rester paisible et calme tant que nous le pouvons!

-L'Amiral de Boisnoir dîtes-vous?

Non,il ne lui semblait pas déjà avoir entendu ce nom quelque part mais déjà la méfiance le gagnait! Il allait précieusement garder ce grade et nom en tête pour savoir à qui il aurait sûrement affaire dans quelques heures ou voir même quelques jours. Car le contre-amiral s'attendait bizarrement à une visite...Peut-être n'étais-ce qu'une simple idée?
En ayant assez de voir cet air narquois sur le visage du français, le contre-amiral dirigea ses yeux vers les habitants de Port-Royal.Alors qu'il regardait des enfants entrain de jouer, il croisa le regard du lieutenant... Un regard dédaigneux sur un enfant? Comment osait-il?! Ce pauvre petit ne faisait vraiment rien de mal! Il les regardait et c'est tout! Que pouvait-on lui reprocher?
Il toisa à son tour le lieutenant du regard, comme De L'épine l'avait si bien fait avec le jeune garçon.

-Je suis le contre- amiral James Norrington. Et sachez que ce n'est que par pur hasard que je vous ai bousculé, si j'aurais pu l'éviter croyez moi je l'aurais fais! dit-il non pas en colére mais plutôt méfiant.

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