Boisnoir était paisiblement assis dans la grand chambre du Royal Louis, cette pièce spacieuse au plancher verni et aux élégantes décorations constituaient le salon privé de l'amiral, le lieu où tout ce qui concernait l'escadre française se décidait. Autrement dit cette pièce de quelques pieds carrés était l'un des centres de décision le plus important des Caraïbes. Boisnoir se fit la réflexion et en tira un orgueil qui lui réchauffa le coeur autant qu'une gorgée de cognac vous réchauffe le corps. Mais ce bonheur ne dura pas, l'amiral s'ennuyait, comme à son habitude avant d'entrer en action, Boisnoir voyait passer les minutes comme s'il s'agissait d'heures, les secondes de minutes, etc... Le moindre balancement du navire suffisait à le distraire mais cela ne durait qu'un temps. Non décidément Marc Donatien comte de Boisnoir, lieutenant général des armées navales du Roi de France s'ennuyait ferme!
Il s'étira réfléchissant à ce qui pourrait le distraire. Il avait déjà ennuyé tout ceux qui pouvaient être ennuyés sur ce navire: un lieutenant qui parlait trop fort, le capitaine en second qui faisait les cent pas sur la dunette au-dessus de sa tête, le capitaine des fusiliers de la marine qui donnait ses ordres bien trop fort lui aussi et enfin un matelot qui avait manqué une épissure,... Boisnoir se demandait bien qui il pourrait ennuyé pour passer le temps quand une idée lumineuse lui vint à l'esprit. Il se rappelait qu'il ne fallait pas forcément être désagréable pour ennuyer les gens et qu'une bonne discussion ne pouvait pas faire de mal à qui que ce soit.
-Caporal! hurla-t'il au factionnaire. Allez me chercher mon aide de camp immédiatement!
Son aide de camp logeait dans une cabine prés de la sienne, dans ce que l'on appelait le clavecin, il ne devrait pas tarder à venir le rejoindre.